Demoiselle coiffée (Château-Ville-Vieille)
De Ville-Vieille, prendre la route D5 en direction de Molines-en-Queyras et Saint-Véran. Monter sur quelques kilomètres en laissant l’embranchement pour Prats Hauts. Après avoir passé le ravin, on aperçoit la demoiselle coiffée sur la rive opposée. Se garer sous le hameau en ruines du Serre des Chabrands et emprunter le sentier qui descend vers l'Aigue Agnel. Traverser au niveau de la prise d’eau et continuer sur la droite pour accéder à la demoiselle coiffée.
Les demoiselles coiffées (ou cheminées de fées) sont des colonnes naturelles de roches aux formes parfois étranges créées par différents phénomènes d'érosion et pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut.
En arrivant près de la Demoiselle, le paysage est constitué de prairies et de bois de mélèzes parsemés de gros blocs d'ophiolites sombres d'où émergent, par place, de petites falaises de calcschistes. La vallée est encombrée de moraines reposant sur les calcschistes. La nature des moraines, fair-tes de graviers et de petits blocs, sans stratification, s'observe bien sur la colonne de la Demoiselle. En rive gauche de la rivière, les parois érodées montrent des alluvions stratifiés. Dans la rivière, les blocs sont surtout des gabbros de composition variée (plus ou moins sombres selon leur richesse en pyroxène). Certains sont déformés, ayant acquis une schistosité.
L'apparition des Demoiselles coiffées est due à l'érosion des dépôts glaciaires quaternaires, sous l'action commune des eaux de ruissellement, du vent et de la neige. La moraine sableuse et caillouteuse, mal cimentée, est facilement érodée par le ruissellement (pluie, fonte des neiges...) Lorsqu'un gros bloc de pierre dure fait obstacle à celui-ci, l'érosion à la périphérie du bloc rocheux dégage progressivement une colonne coiffée d'une pierre.
La masse de la roche dure qui surplombe la colonne applique une pression sur les couches sous-jacentes, ce qui renforce leur résistance par tassement. Enfin, ces piliers de terre et de pierres se solidifient progressivement grâce à un phénomène de capillarité. L'eau remonte à l'intérieur de la colonne quand il pleut (il existe une zone plus sèche au pied de la demoiselle), et abandonne ses sels minéraux en s'évaporant. Ces derniers cimentent ces piliers faits de terre, graviers et sable. La Demoiselle se construit donc lentement dans le sol avant d'être dégagée par l'érosion. Le bloc sommital n'est pas qu'un simple parapluie !
Les Demoiselles coiffées sont évidemment appelées à disparaître un jour, en s'écroulant ou en perdant son chapeau. Au voisinage de celle de Ville-Vieille existe d'ailleurs une Demoiselle décoiffée destinée à disparaître à brève échéance, et une future Demoiselle haute seulement de quelques mètres.
L'élévation de la Demoiselle par rapport au sol donne une idée de l'importance de l'érosion depuis la disparition du glacier.
Coupe en travers de l'Aigue Agnelle passant par la Demoiselle coiffée de Ville-Vieille
(largeur de la coupe : 200 à 300 m)
En reprenant la route, on peut aller voir un paysage spectaculaire de blocs erratiques au milieu des prairies entre Molines et Pierre Grosse (village qui doit d'ailleurs son nom à la présence de ces gros blocs de gabbros).
Renseignements : Office du tourisme 04 92 46 86 89