Parc Alpi Cozie
La Vallée de Suse, par son orientation ouest-est, a une géographie particulière. Cette caractéristique a une répercussion sur le paysage et sur le climat. En effet, le versant septentrional est toujours ensoleillé, alors que le versant opposé passe de longs mois dans l'ombre (c'est pour cela que nous les appelons adret, et ubac). Cette différence d'exposition favorise une végétation typique des climats secs et chauds sur le versant ensoleillé, alors que le versant opposé, accueille des espèces adaptées à l'ombre et au froid. De plus, un vent fort et sec d'ouest s'engouffre dans la vallée encaissée entre les sommets du mont Orsiera au sud et du Rocciamelone au nord. La présence d'importants bastions calcaires, sur le versant ensoleillé, accentue ces deux micros climats opposés de façon à passer très facilement d'une forêt typiquement alpine de mélèzes ou de sapins, à une végétation méditerranéenne.
Le calcaire blanc est une autre caractéristique géologique de la Vallée de Suse.
L'orogenèse alpine et les mouvements tectoniques des plaques se sont manifestés ici avec une particulière violence. Les témoignages sont rapportés par les plissements, les affleurements ainsi que les signes d'érosion qui ont formé notre territoire et continuent à modeler les montagnes Cottiennes. La lave de l'antique fond de l'océan a produit des coussins de basalte que l'on trouve au-dessus de Cesana ; le dépôt de milliards de micro-organismes marins au cours des millions d'années a donné naissance au calcaire blanc du Seguret et de Foresto, utilisé par l'homme comme marbre ou comme pierre pour la chaux. La croûte terrestre a rejeté, après les avoir déformées par la chaleur et la pression, les roches serpentines, les fameuses "pierres bleues" utilisées comme "marbre vert" pour de nombreuses décorations baroques de Turin. Pour finir, la phénoménale pression
des couches continentales poussées sur ces roches les a transformées à différents degrés de schistes, les a répandues dans toute la vallée, où elles ont été utilisées depuis toujours pour les constructions, ou pour les couvertures de lauzes. Au-dessus de ce complexe phénomène géologique, le mouvement des glaciers quaternaires a travaillé en lissant et polissant les roches moutonnées, en créant des terrasses glaciaires et en éliminant toutes les pierres et roches en les transportant au fond de la vallée et en formant ainsi le cordon de moraines de Rivoli et d'Avigliana. Jusqu'à il y a environ 12 000 ans, cette digue naturelle retenait un ample bassin glacial, dont les traces qui nous restent aujourd'hui sont les deux lacs d'Avigliana, le marais des Mareschi et la tourbière de Trana.
C'est pour ses caractéristiques exceptionnelles que la vallée de Suse (malgré ses deux routes nationales, une autoroute, une voie de chemin de fer internationale, différentes stations de ski, des lignes à haute tension, des digues, des fabriques et des entrepôts), avec de plus les deux plus importants passages utilisés à l'époque romaine, conserve d'intéressantes et importantes portions du territoire, de nature sauvage et rigoureuse et représente un véritable réceptacle de biodiversité. Le territoire dans son ensemble accueille 2000 espèces végétales (sur 3500 piémontaises, 7000 Italiennes et 11000 européennes) ainsi que 42 orchidées sauvages sur 120 Italiennes, mais également airons, aigles, chamois, marmottes, chauve-souris et de nombreuses autres espèces.
LES ZONES PROTÉGÉES
La Région Piémont a institué en 1980 les Parcs Naturels des Laghi di Avigliana, d'Orsiera-Rocciavré, du Gran Bosco de Salbertrand et de la Val Troncea. La Réserve de Chianocco a été créée la même année et en 1988, la Réserve de Foresto. Avec 94 autres parcs, y compris les parcs nationaux du Gran Paradiso et de la Val Grande, ils constituent le Système des Zones Protégées Piémontaises. Suite aux directives européennes, différents Sites d'Importance Communautaire (SIC) ont été reconnus. Aujourd'hui plus de 15 % du territoire régional est protégé grâce à différentes mesures de protection et forme ainsi l'ensemble de la “Rete Natura 2000”.
La Vallée de Suse et la Haute Vallée Cluson, grâce à leur spécificité territoriale hébergent 23 SIC, dont deux sont, l’Oasi xerotermica de la Bassa Valle di Susa et l'autre le Rocciamelone et sont confiés directement au nouveau groupe de gestion des zones protégées, Alpi Cozie (Alpes Cottiennes) institué en 2012 et qui aujourd'hui gère les quatre parcs, les deux réserves et les deux SIC.
Les Laghi di Avigliana sont d'origine glaciaire, mais, à cause des rejets effectués par le passé, l'oxygène s'y était raréfié. C'est pour cela que l'on y trouve le chevesne, la carpe et le rotengle, qui sont des espèces résistantes à des conditions eutrophiques. On y trouve également le brochet, le poisson chat, l'ablette, la tanche, l'anguille, la perche. Aujourd'hui la pollution y est réduite et les lacs, en particulier le Petit, ont retrouvé leur état naturel. Des centaines d'oiseaux comme le fuligule milouin, le fuligule morillon, la sarcelle d'hiver, le canard siffleur, le foulque, le canard colvert, le glèbe huppé se concentrent en particulier en hiver, et ainsi attirent des passionnés de bird-watching, grâce aussi à la proximité (20 km) de la ville de Turin.
Les Parcs d'Orsiera-Rocciavré, Gran Bosco de Salbertrand et Val Troncea protègent le territoire typique des alpes, où les marmottes et les aigles, les bouquetins et les chamois, les cerfs et le loup, ainsi que la faune mineure comme les grenouilles rousses et les couleuvres d'esculape, les papillons et les frelons y sont maîtres. Les forêts les plus remarquables se trouvent dans la zone du Sapei entre Bussoleno et San Giorio, puis à Seytes en Vallée Troncea les pins à crochet, à Catinat en Vallée Cluzon les pins sylvestre et surtout dans les sapinières du Gran Bosco de Salbertrand, inscrites dans la liste nationale des plantes utilisées pour la reproduction.
Les Parcs ne sont pas seulement les gardiens de la nature, ils protègent aussi l'histoire. Par exemple, près du Col de l’Assietta a eu lieu en 1747 une bataille historique entre les piémontais et les français, on trouve également d'importants monuments comme la Chartreuse de Montebenedetto et le Fort de Fenestrelle, les routes militaires et les fortifications, les minières de Beth en vallée Troncea, les glacières et les anciennes habitations qui parsèment notre territoire occupé par l'homme depuis des siècles.
La Réserve dell'Orrido di Chianocco -Gorges de Chianocco- veille sur l'unique station spontanée de chêne vert du Piémont, une profonde fissure creusée dans les gorges du torrent Prebèc datant du carbonifère. Elle nait à 2400m, creuse et use continuellement les dépôts de moraines et forme de caractéristiques pyramides appelées “chouqué”. Les gorges peuvent même parfois causer des inondations catastrophiques.
L’exposition au sud et le climat sec avec peu de précipitations favorisent la présence de plantes méditerranéennes, très rares sur les Préalpes, comme par exemple le chêne vert, ou bien l’Adiantum capillus-veneris, l’Asplenium fontanum, le Thesium divaricatum et le bois de Sainte Lucie, ainsi que de nombreuses orchidées sauvages. Le corbeau impérial, le crécerelle et de nombreux choucas des tours y nichent. Grâce à des recherches archéologiques, des restes d'habitats temporaires ont été découverts datant d’une période entre IVème s av J.C. et l’âge du Bronze.
La Réserve de l’Orrido di Foresto -Gorges de Foresto- veille sur la conservation du genévrier cade ainsi que sur les Gorges creusées dans le bastion calcaire du torrent de Rocciamelone. Les différents écosystèmes, secs et chauds, abritent des plantes typiques de la steppe et de la méditerranée qui sont très rares sur les Alpes, ainsi que de nombreuses orchidées comme Cephalanthera rubra et le Limodorum abortivum. On peut également rencontrer des chevreuils, des sangliers, des blaireaux, des renards et même des chamois, qui ici stationnent à une altitude très basse, mais c'est surtout l'avifaune qui y est remarquable. De nombreux rapaces comme la buse variable, le crécerelle, l'épervier, et le circaète jean-le-blanc profitent des courants ascensionnels chauds, alors que le monticole merle bleu, l'alouette lulu, le bruant ortolan utilisent les caractéristiques spécifiques liées au climat sec et chaud. On y trouve également le rare hibou Grand Duc. Des recherches archéologiques ont confirmé que les gorges étaient déjà fréquentées au IIIème s av J.C. et de nombreux pétroglyphes témoignent de la présence constante de l'homme, surtout durant la période romaine marquée par l’existence d'un temple important dédié à la Dea Matrone.
Les SIC Rocciamelone et Oasi xerotermica della Bassa Valle di Susa sont voisines et jouent un rôle protecteur pour les ha
bitats typiques de l'Union Européenne. Comme pour les Réserves de Chianocco et Foresto, ce sont des zones typiquement méditerranéennes avec un rôle particulièrement important pour la biodiversité locale. De plus, l'altitude minimum du fond de la vallée, voisinant avec l'important dénivelé du sommet de plus de 3600 mètres, font que sur une brève distance se concentrent sur les hauteurs du Rocciamelone, tous les habitats que l'on peut trouver sur les Alpes.
Pour d'ultérieures informations liées aux différentes zones protégées, nous vous invitons à consulter les dépliants de chaque parc ainsi que le site internet www.parchialpicozie.it
On ne peut protéger que si on aime et on ne peut aimer que si on connait.
LES ACTIVITÉS
Le Règlement
La finalité principale d'un Parc est la tutelle du territoire à lui assignée. C'est pour cela que le travail primordial attribué aux gardes, est la vigilance. Cela signifie contrôler les visiteurs, les propriétaires et les différentes activités, de façon à ce que chacun soit respectueux, mais aussi vérifier -avec l'aide des bureaux techniques- que les nouveaux projets, externes à la zone parc, ne portent pas de conséquences graves sur le territoire.
Dans les Parcs et les Réserves, la chasse, la cueillette de fleurs, les feux ainsi que toute activité comportant l'altération des lieux, sont interdits, alors que dans les SIC la chasse est consentie. Les activités quotidiennes liées au pastoralisme, comme la moisson, l'exploitation forestière sont toujours permises aux propriétaires et à leurs ayant-droits, bien entendu dans le respect de la loi. Toutes les normes régionales et nationales en matière d'environnement, comme l'interdiction de circuler sur les sentiers en moto, de nuire à l'équilibre des animaux, d'abandonner les déchets, de cueillir des champignons sans permis, ou de ramasser des baies ou autres en quantités excessives, sont bien entendu applicables. Pour chaque zone protégée, un règlement spécifique est en vigueur et il est opportun d'en prendre connaissance avant de s'y rendre.
La Recherche
Dans les quatre parcs principaux sont organisés chaque année des recensements de la faune, sur la population de bouquetins, cerfs, chamois, chevreuils, loups, tétras lyre, mais également des études sur les amphibiens et sur différentes espèces d'insectes comme les frelons, les moustiques et les papillons. Dans toutes les zones on effectue des tests et des analyses sur les différentes espèces végétales plus significatives, de façon à conserver une importante banque de données continuellement mise à jour, utile pour l'orientation future, pour la conservation et la gestion des différents habitats. La qualité et la continuité des recherches -certains recensements sont effectués depuis plus de trente ans- permettent de mettre à la disposition de tous un niveau de connaissances précieux et élevé permettant la tutelle d'une riche biodiversité.
Les recherches, bien souvent en collaboration avec des écoles universitaires ainsi que des directions régionales, concernent les eaux et la neige, le lièvre variable et le moineau soulcie, les steppes méditerranéennes et les alpages, les orchidées et les grassettes, le gypaète et l'influence des changements climatiques sur les plantes comme le mélèze et le sorbier. De nombreux projets de recherche ont été financés par la Région ou par l'Union Européenne, suite à des appels d'offres nationaux ou internationaux comme, le PSR, le LIFE et l'INTERREG.
L’Éducation à l'environnement
Dans un certain sens, on peut dire que cette activité réunit toutes les autres. En effet, outre à être explicitement prévue par la Loi 19/09 qui organise le système des territoires protégés piémontais, elle met à la disposition de tous les citoyens le résultat des travaux effectués quotidiennement dans les Parcs. Grâce à la conservation des habitats, loin d’une ambiance frénétique et excessive, les parcs ont une fonction modérée, lente et circonspecte. Ils permettent d’apporter les soins nécessaires à l'entretien de la vaste carte des sentiers pour visiter les zones protégées, l'organisation de musées et de points de visites, la préparation de publications et de documentaires, l'organisation d'excursions guidées, ainsi que de conférences, de façon à divulguer les connaissances naturalistes et à stimuler la conscience du territoire. Enfin, à travers des projets didactiques avec les écoles ou les associations, on tente de développer une éducation permanente, dans le but de modifier les comportements au quotidien, pour que les Parcs soient un exemple à exporter à l'extérieur.
Parco naturale del Gran Bosco di Salbertrand
Via Fransuà Fontan, 1 - 10050 Salbertrand (TO)
Tel. 0122.854720 - Fax 0122.854421
alpicozie@cert.ruparpiemonte.it
segreteria.alpicozie@ruparpiemonte.it
Parco naturale dei Laghi di Avigliana
Via Monte Pirchiriano, 54 - 10051 Avigliana (TO)
Tel. 011.9313000 - 9341405 / Fax 011.9328055
Parco naturale Orsiera-Rocciavré e riserve naturali degli Orridi di Chianocco e Foresto
Via San Rocco 2, Fraz. Foresto - 10053 Bussoleno (TO)
Tel. 0122.47064 - Fax 0122.48383
Ufficio Tecnico e Vigilanza Val Chisone
Via Nazionale 2, Fraz. Mentoulles - 10060 Fenestrelle (TO)
Tel. e Fax 0121.83757
Parco naturale Val Troncea
Via Della Pineta, Fraz. Ruà - 10060 Pragelato (TO)
Tel. e Fax 0122.78849
Site internet
www.parchialpicozie.it